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Les savoirs-fêtre : s’aligner avec une démarche RSE ?

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alignement RSE et comportement

C’est le défi d’une vie : s’aligner, aligner ce que l’on pense avec ce que l’on dit et ce que l’on fait ! Mais en milieu professionnel, on appelle ça comment ? des savoirs-être ou des savoirs-faire ??

Cette grande question émerge d’une réunion de travail avec mes deux partenaires : Karim Ladraa et Jean-Louis Guillet. Vaste discussion à l’occasion de la conception de nos hackathons RSE. Je vais tenter de vous la résumer ici !

Depuis le début de mon activité d’indépendante, c’est une question centrale pour moi : avoir des comportements professionnels alignés avec mes valeurs et avec mon discours. Nous avons extrapolé ce point de vue à la posture d’un·e consultant RSE en lien avec la notion de crédibilité.

C’est quoi la RSE ?

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est une démarche volontaire qui répond à des enjeux environnementaux, sociaux, sociétaux et économiques. C’est une contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Elle est encadrée par la loi dite Grenelle 2 de 2011. Et la législation européenne en matière de reporting extra financier se renforce. Les PME de plus de 250 salariés seront soumis à cette obligation dès 2024.

La posture du·de la consultant·e RSE

Prenons un exemple concret ! Le·la consultant·e en RSE accompagne une entreprise vers une démarche RSE aboutie. Il s’agit donc de tenir un discours solide présentant les enjeux sociaux et environnementaux auxquels fait face l’entreprise et les manières dont elle peut y répondre.

Admettons que le·la consultant·e n’adhère pas à son propre discours. Cela me semble impossible, mais qui sait ? En tout cas, la question n’est pas ici de savoir si cette personne est cohérente, alignée entre ses valeurs et son discours. Là où nous avons bloqué, c’est sur la question de la cohérence entre le discours et les actes.

Imaginons que cette personne vienne travailler en SUV : un véhicule lourd, à l’empreinte carbone énorme en termes de fabrication et d’usage. Démontre-t-elle par cet acte une cohérence discours / acte ? NON ! Son discours vise notamment à la réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise et elle-même montrerait une empreinte carbone déraisonnable ?! Pour moi cela ne va pas. Mais de quel type d’acte parle-t-on ici ?

Ce n’est pas tout à fait un savoir-faire : conduire un SUV ne remet pas en cause ses compétences techniques, la manière dont la personne exerce ses fonctions de consultant·e, ses capacités à faciliter les travaux des services de l’entreprise, les prises de décisions, la conduite de projets.

Ce n’est pas tout à fait un savoir-être : conduire un SUV ne remet pas en cause sa sociabilité, son empathie, ses capacités de communication, etc.

Alors de quoi s’agit-il ?

Compétences professionnelles versus choix personnels

Prenons un second exemple ! Toujours ce·tte même consultant·e RSE. Le cadrage du projet se fait à distance parce qu’il·elle est à Bali à siroter des cocktails… Sérieusement ?! J’identifie une contradiction entre les principes de la RSE, les directions qu’elle donne et un voyage très carboné sur une île. De plus il y a fort à parier que c’est un endroit où le tourisme se fait trop souvent au détriment des conditions de vie des locaux. Là encore cela entre donc en contradiction avec ce que vise une démarche RSE.

Mais partir à Bali n’est ni une compétence de l’ordre des savoirs-faire, ni une capacité de l’ordre des savoirs-être. C’est un comportement, un choix personnel.

Pourtant dans ces deux exemples, nous observons une tension forte entre ce qui est dit, professionnellement et ce qui est fait, personnellement. À mes yeux, cette tension diminue la crédibilité accordée au·à la consultant·e RSE. Je crois sincèrement que cette crédibilité trouve sa source dans un « je fais ce que je dis, je mets en œuvre ce que je prône » qui vise une forme d’exemplarité.

Nouveau concept : nouveau mot !

Nous avons donc créé un nouveau mot : nous parlons des savoirs-fêtre ! À mi-chemin entre les savoirs-être et les savoirs-faire, il s’agit de tous ces comportements que nous adoptons et qui démontrent la solidité de nos discours… ou pas !

Nos savoirs-fêtre contribuent donc à notre crédibilité. Ils renforcent potentiellement notre image de marque, bien au-delà d’un logo ou d’un slogan. Ils mettent en œuvre nos valeurs et ce que nous espérons pour un monde plus juste, une économie soutenable, un développement durable.

En plus, dit un peu vite, on y entend la fête, la joie d’avoir des comportements alignés, de se sentir cohérent·e !

C’est l’un de mes savoirs-fêtre que de pratiquer la conception de module d’e learning selon les principes d’éco conception et plus largement du numérique responsable. C’est aussi un de mes savoirs-fêtre de choisir un menu végétarien lors d’un déjeuner client, aussi facilement que je le fais dans ma vie privée.

Et vous, quels sont vos savoirs-fêtre ? Ou plus facilement, si vous y arrivez, dans quelle catégorie rangez-vous ces comportements : savoirs-faire ou savoirs-être ?