Dans des articles de ce blog ou dans ma lettre, je mentionne régulièrement la notion de contrat pédagogique. Il est plus que temps de détailler cette notion plus précisément !
Qu’est-ce que le contrat pédagogique ?
Le contrat pédagogique est l’ensemble des règles de fonctionnement qui permettent au groupe d’apprenant·e·s de se sentir bien et d’entrer en démarche d’apprentissage à l’occasion de la formation. Ces règles régissent aussi les relations entre le collectif et le ou la formateur·rice.
Bien sûr, il y a déjà de solides bases induites par la signature de la convention de formation. Il s’agit par exemple du programme et donc des objectifs de la formation, de ses horaires et modalités. Mais la convention contient aussi beaucoup d’implicites. Le contrat pédagogique est là pour lever le voile sur ces non-dits.
Par exemple, il semble évident si l’on signe une convention de formation que c’est pour apprendre, que l’on est OK pour cela. Cela peut tout de même être intéressant de se dire, de nommer, que pour apprendre il va falloir faire des erreurs et les considérer avec constructivité. Il faudra aussi poser des questions pour s’assurer de comprendre. Ce sont ce genre de choses que j’aime particulièrement voir sur un contrat pédagogique : une fois que c’est posé là, cela décomplexe beaucoup de personnes et cela favorise effectivement une démarche d’apprentissage, faite de tentatives, d’erreurs et de réussites.
Communication et posture
Le contrat pédagogique permet aussi d’exprimer ce qui est souhaité en termes de communication. Est-ce que le groupe opte pour le tutoiement ? Est-ce qu’on peut faire de l’humour, même sur des sujets sensibles ? Comment veille-t-on au respect de la parole et des avis de chacun·e ? Toutes ces questions concernent aussi les relations à construire avec le·la formateur·rice.
Ce temps du contrat pédagogique est d’ailleurs un des premiers moments où s’expriment les choix de posture que fait le·la formateur·rice. Le contrat pédagogique est-il décrété ? Est-il proposé au groupe ? Est-il co construit avec le collectif ? Ces trois niveaux de directivité sont possibles. Le choix qui est fait à ce moment-là aura une influence sur toute la formation. Il s’agit alors d’être cohérent avec les postures avec lesquelles on a envie de pratiquer l’animation de la formation.
Regardons comment poser le contrat pédagogique selon les modalités de la formation. Je vais pour cela vous proposer mes méthodes. Libre à vous d’imaginer les vôtres bien sûr !
Le contrat pédagogique en formation présentielle
En présentiel, je pars souvent d’une page blanche, d’un poster ou d’une carte mentale projetée. Une question y est inscrite : de quelles règles avons-nous besoin pour que cette formation se passe bien ? J’y souligne souvent trois mots :
- règles, parce que je trouve important de mettre l’accent sur le caractère engageant des réponses qui seront fournies,
- besoin, parce que j’invite chaque personne à se mettre à l’écoute de soi et d’être authentique dans l’expression de ces réponses,
- formation, parce que ce ne sont pas seulement les règles d’un fonctionnement collectif que j’espère mais bien celles qui permettront à chacun·e d’apprendre.
Je sollicite donc le groupe sur la base de cette question, j’interroge les réponses qui sont proposées pour qu’elles soient précisées, pour les faire valider par une majorité ou transformer. Je prends note.
Le poster reste affiché pendant toute la formation. Si c’est une carte mentale, elle est mise à disposition sur la plateforme de formation ou bien épinglée à la messagerie utilisée par le collectif.
Au deuxième temps de la formation, je m’assure que toutes les personnes présentes valident toujours cet ensemble de règles. Il peut être nécessaire d’y ajouter des choses, d’en préciser d’autres. J’y fais référence tout au long de la formation s’il est nécessaire de recadrer le groupe.
Comment faire en formation hybride ?
Au format hybride, deux cas différents me viennent à l’esprit : soit je suis seule à intervenir, soit nous sommes plusieurs.
Dans le premier cas, je vais surtout m’assurer que le contrat pédagogique construit en début de formation soit à l’esprit de tous et toutes pour les temps distanciels synchrones ou les temps asynchrones. C’est d’abord une question de visibilité mais aussi parfois de référence : rappeler que nous nous étions mis d’accord sur telle ou telle règle peut par exemple susciter un regain de participation en classe virtuelle ou stimuler l’engagement à suivre un module en asynchrone.
Dans le second cas, dans des configurations de parcours de formation plus longs, à plusieurs formateur·rice·s, je veille à communiquer sur le contrat pédagogique auprès des autres intervenant·e·s, je le rends facilement accessible. Surtout j’encourage mes collègues à réaliser le leur, même pour un module court. Car c’est une manière efficace pour fonder leur propre relation avec le collectif et préciser leur posture, leur manière d’intervenir.
Le contrat pédagogique en e learning
Dans cette configuration où il n’y a pas de temps synchrone, le contrat pédagogique ne disparaît pas pour autant ! Mais il ne peut pas être co construit. Il ne peut être que proposé aux apprenant·e·s. Il va se présenter sous la forme de conseils pour bien suivre la formation. Le contrat pédagogique contribue alors aux guidages techniques et pédagogiques dont j’ai déjà parlé.
Il témoigne pourtant de la posture de l’équipe à la source du parcours d’e learning et de ce qu’ils imaginent des apprenant·e·s. Bienveillance et chaleur humaine y sont perceptibles… Ou pas !
Pour moi, quelle que soit la modalité de la formation, la base, c’est son contrat pédagogique. C’est une démarche qui demande du temps et du soin et quand je ne les prends pas suffisamment, je le regrette toujours !