Aller au contenu

Les pédagogies actives en formation pour adultes

  • par
un collectif de personnes en formation par les pédagogies actives : autour d'une table avec des post it et des feutres.

Je fais souvent la distinction entre deux notions : l’enseignement et la formation. Je ne suis pas enseignante mais formatrice. À mes yeux, cela parle de deux postures totalement différentes et plus encore de deux conceptions de l’apprentissage. Cela parle également de la notion de pédagogies actives. Je fais le point là-dessus dans cet article.

Enseignement ou formation ?

Enseigner, pour moi, cela relève de la posture traditionnelle de l’enseignant. Ouh la jolie lapalissade ! Mais avouez que vous avez l’image en tête immédiatement : une estrade devant un tableau blanc, un bureau posé dessus et un ou une enseignante qui transmet des savoirs. Transmettre des savoirs, tout est dit. Cela renvoie à une conception de l’apprentissage que l’on peut symboliser par un entonnoir : la tête des personnes en formation est vide et il s’agit de la remplir de tous les savoirs qui relèvent de nos expertises. Je ne souscris pas à cette conception des métiers de la formation, pas plus qu’à cette conception de l’apprentissage.

La formation se doit d’être différente.

Apprendre à partir de ce qui est su en formation pour adultes

Les adultes en formation n’arrivent pas là vierges de tous savoirs. Ces personnes ont des connaissances et des expériences qu’il convient de considérer et de connecter aux compétences visées par la formation. C’est l’aspect constructiviste de l’apprentissage : les nouveaux apprentissages se fondent sur ce qui est déjà là. Y compris lorsqu’il s’agit de représentations erronées qu’il convient de déconstruire, de réagencer. On oublie l’entonnoir donc et l’on pense jeu de construction, avec des p’tites briques de couleurs, c’est plus fun !

Apprendre ensemble en formation pour adultes

Et puis, personne n’apprend seul. Ou plus exactement, les meilleurs apprentissages se font par l’appui du collectif. Questionner autrui, reformuler pour lui ce que l’on pense avoir compris, lui trouver des exemples, affiner ses arguments et ses gestes pour convaincre, lui montrer, fabriquer ensemble un point de vue ou un projet : toutes ces actions sont collectives et font progresser l’activité d’apprendre plus vite et plus profondément. C’est là une conception socio constructiviste de l’apprentissage.

Apprendre par l’action en formation pour adultes

Enfin, on apprend mieux par l’action. L’apprentissage ne souffre pas de passivité. Plus vous êtes actifs ou actives, mieux vous apprenez. Écouter ou lire c’est déjà être en action. Débattre, répondre, reformuler, faire, c’est un niveau d’action plus engageant qui permet des apprentissages plus profonds. Fabriquer, imaginer, synthétiser, analyser ses propositions, évaluer celles des autres… Ce sont des niveaux d’actions plus aboutis encore. Et si vous pensez déceler dans ces listes les différents niveaux de la taxonomie de Bloom, vous pouvez prendre le temps d’une pause café pour savourer votre belle intuition !

Alors, voilà, c’est fait : j’ai parlé d’action, d’activité. Si vous souscrivez aux trois points mentionnés jusqu’à présent, les pédagogies actives sont pour vous !

C’est quoi les pédagogies actives en formation pour adultes ?

Les pédagogies actives reposent sur ces trois principes simples :

  • La personne qui apprend en sait déjà beaucoup et peut construire ses nouveaux savoirs et savoir-faire par elle-même.
  • Les interactions organisées au sein du collectif sont une source d’apprentissage.
  • L’expérimentation et son analyse sont des terrains d’apprentissage profond.

Vous connaissez plusieurs pédagogues qui ont marqué les sciences de l’éducation de leur empreinte par des propositions de pédagogies actives. Maria Montessori et Célestin Freinet sont les plus connus.

Lorsque l’on cherche à mettre en place des pédagogies actives, il s’agit donc de mettre l’accent sur ce que fait la personne en formation pour apprendre. L’important n’est pas de transmettre des savoirs, mais de les tenir à disposition de la personne s’ils peuvent contribuer à l’acquisition de compétences. En termes de posture, il est donc question d’organiser les activités d’apprentissage qui permettent d’atteindre les objectifs pédagogiques. Cette notion d’organisation de l’activité d’apprentissage relève de la préparation d’une action de formation. Quelle activité concevoir qui soit alignée avec l’objectif pédagogique ? Comment la présenter ? Quelles consignes transmettre ?

Pendant le déroulement de l’action de formation, la posture à adopter est ainsi une posture de facilitation : réunir les conditions favorables à l’activité d’apprentissage qui a été scénarisée. Et hop ! Il faut descendre de son estrade, lâcher son expertise et se mettre au service des personnes en formation et de leur démarche d’apprentissage !

À quoi ça ressemble pour une formation pour adultes hybride ?

La notion d’activité d’apprentissage renvoie vite à des feutres, des post it, des projets à réaliser ou, si l’on pense au système des compagnons du devoir, des chefs d’œuvre à réaliser.

Mais comment faire pour des formations hybrides, où il faut apprendre en distanciel voire en asynchrone ?

Tout l’enjeu est alors de concevoir des activités d’apprentissages qui puissent être réalisées dans les conditions de l’hybridation. Par exemple pour une séquence distancielle synchrone, une classe virtuelle, il est possible de s’appuyer sur des sous-salles, des tableaux blancs collaboratifs, des outils de quiz, des documents partagés : selon l’activité scénarisée, les outils numériques pertinents ne manquent pas !

Pour une séquence distancielle et asynchrone, le challenge est peut-être plus dur. La personne en formation est alors seule à son poste de travail.

La posture de facilitation à distance

Comment, dans ces conditions, faire exister la posture de facilitation pour encourager l’activité ?  Il faut soigner particulièrement la formulation des consignes et leur adressage. Cela peut prendre la forme d’un audio chaleureux ou d’une vidéo dynamique. Il faut également apporter des feedbacks aux travaux fournis. Cela souligne leur importance et leur valeur pour la démarche d’apprentissage. C’est toute la présence à distance qui est à penser ici.

Le collectif à distance

Comment faire exister le collectif malgré la distance ? Cela peut être l’occasion d’imaginer un travail de revue par les pairs, où les travaux de la personne en formation sont évalués par les membres du collectif. Cela peut aussi prendre la forme d’un travail collaboratif asynchrone comme la construction d’un glossaire ou d’une fiche de synthèse.

L’action à distance

Comment générer une véritable activité d’apprentissage en évitant un effet de surface ? Tout l’enjeu est effectivement de scénariser de véritables activités d’apprentissage qui ne se réduisent pas à écouter ou regarder. Ces activités doivent qui donner l’occasion à la personne en formation de connecter avec ses savoirs antérieurs, de reformuler les notions pour témoigner de ce qu’elle a compris, de construire ses propositions, ses exemples, ses études de cas…

Je ne détaille pas plus car cela pourra faire l’objet d’un autre article : celui-ci est déjà bien long ! Merci de m’avoir lue jusqu’ici !